De plus en plus, l’intelligence émotionnelle est érigée, dans les grandes entreprises, comme une compétence essentielle pour un dirigeant, permettant la convergence collective vers les objectifs de l’entreprise.
Tout le monde vous le dira, pour réussir au travail, il vaut mieux enfouir au plus profond de soi-même ses émotions, ne rien laisser transparaître, être complètement stoïque et surtout ne pas se laisser prendre par les sentiments. Mais le monde est en train de changer. Depuis plusieurs années, les pratiques managériales évoluent. Des expériences scientifiques ainsi que des pratiques éprouvées dans les plus grandes entreprises du monde démontrent que les sentiments ont tout à fait leur place dans le monde professionnel. D’ailleurs, désormais, l’une des qualités les plus importantes pour un chef d’entreprise est sa capacité à comprendre ce que ressentent ses employés et y répondre soit par la communication, soit par des actions pratiques.
De plus en plus, l’intelligence émotionnelle est érigée, dans les grandes entreprises, comme une compétence essentielle pour un dirigeant, permettant la convergence collective vers les objectifs de l’entreprise, et l’une des principales raisons de l’épanouissement du personnel.
Une des premières missions des leaders est de «conduire les émotions collectives dans une direction positive et dissiper le brouillard créé par les émotions négatives… si les émotions des individus sont guidées vers le registre de l’enthousiasme, les performances seront décuplées», écrivent Richard Boyatzis et Annie McKee, dans leur ouvrage «L’intelligence émotionnelle au travail».
Les émotions régissent les moindres de nos faits et gestes
Aussi incroyable que cela puisse paraître, et malgré toutes l’ingéniosité dont nous faisons preuve pour tenter de dissimiler nos sentiments, l’expérience scientifique montre que nous agissons et réagissons avec nos émotions 90% de notre temps. Qu’elles soient positives ou négatives, de faible ou de grande intensité, les émotions régissent les moindres de nos faits et gestes.
Dans le monde professionnel, des études scientifiques (plus de 40) ont démontré que 10% de la réussite en entreprise, et notamment l’accès aux postes managériaux, sont directement imputables à l’intelligence émotionnelle. Cela peut varier d’un métier à un autre.
Pour comprendre l’importance des émotions, il est important de se convaincre de l’existence de l’effet miroir. Un effet détecté par l’expérience. L’effet miroir, c’est le fait d’imiter, de manière totalement involontaire, les paroles, les gestes et même l’état d’esprit de nos proches (famille, amis, collaborateurs, collègues, patrons…).
Cette «soupe émotionnelle», comme l’appellent certains, où chacun apporte son petit ingrédient, détermine l’humeur générale au bureau ainsi que la culture de l’entreprise. Si chacun apporte effectivement son ingrédient, il n’en demeure pas moins vrai que ce sont les émotions communiquées par le manager, le meneur d’hommes, au reste de l’équipe qui restent déterminantes.
Pères de l’intelligence émotionnelle, Peter Salovey et John Mayer donnent en 1990 la première définition du concept. Pour ces chercheurs, l’intelligence émotionnelle est «la capacité de surveiller ses propres émotions ainsi que celles des autres, de faire le tri, et d’utiliser ces informations pour guider sa pensée et ses actions».
Pour pouvoir acquérir la compétence «d’intelligence émotionnelle», il faut donc commencer par connaître ses propres émotions. Il s’agit de comprendre ce qui nous fâche, ce qui nous fait plaisir, ce qui nous motive et surtout, devenir capable de faire le distinguo entre la réalité et ce que nous ressentons face à cette réalité. Ensuite, l’idée est de faire preuve d’empathie, de comprendre les sentiments des collaborateurs. Comme au judo (sauf qu’il ne s’agit pas d’un combat), utiliser la force des sentiments pour les transformer en émotions positives, ou, en tout cas, en émotions qui vont dans le sens de vos objectifs managériaux.
Désormais, il est peut-être temps de s’interroger : l’intelligence émotionnelle (IE) n’est-elle pas plus importante que le quotient intellectuel (QI) pour réussir sa carrière professionnelle ?